dimanche 30 septembre 2007

À luz das estrelas

Recebi este texto de uma amiga, Celeste Marcondes. Achei-o tão emocionante que o traduzi para o francês.

***

À luz das estrelas
Celeste marcondes

Lá, entre as estrelas, eles estão felizes nos vendo aqui cansados porém contentes com a colheita. O prêmio da labuta intensa? Deitar e sonhar com eles, meus avós, meu irmão, um dos nossos companheiros. Nos deixou tão cedo, desaparecido na luta pela vida da floresta... Era a paixão do meu avô.

A vida da gente vai, gira e volta. Um recordar calmo, doce. Sai de dentro do peito, não é do pensamento. Não dá para explicar. Falar desses tempos? Talvez eu possa falar um pouquinho do pouco que ainda dá pra contar. Nascimento e morte...

Na hora em que nasci, minha avó estava dentro de um avião, sobrevoando a floresta amazônica, em meio a uma tempestade. Seu destino, o Amapá. Em pânico, pedia aos deuses para não morrer antes de me ver. Os Deuses não ouviram suas preces.

Eu já me chamava Isa. Meu pai insistira para que fosse Tatiana, um nome tão russo... Talvez, porque Tatiana fosse um nome forte como os ventos das estepes, como a força com que o semear a terra atrai os homens desprovidos de tudo... Ou, talvez, resquício de suas leituras. Quando menino, no exílio, lera os “Contos russos”, livros infantis que a União Soviética distribuía, em espanhol, no Chile de Allende.

Tudo isso quem me contou foi meu avô.

Nasci em dia de tristes lembranças... quase touro como meu avô e minha avó. Anos e anos depois, me contou: “Nesse dia as notícias mostravam as capitais avermelhadas pelas bandeiras carregadas por mãos de homens corajosos e lutadores como sua avó e os companheiros dela. Cultos ecumênicos e passeatas pediam justiça pela morte, a dois anos, dos sem-terra em Eldorado de Carajás no Pará.”

E em voz baixa, parecia voltar no tempo e continuou me contando como pensava em mim enquanto participava da história do meu país. “Marchei com eles o dia todo, cheguei em casa pela madrugada, feliz, meio vitorioso, com tão pouco. Há momentos que a morte e a vida, na luta pela terra de Deus, se confundem ... Quando me disseram que você já estava entre nós, chorei e escrevi em um pedacinho de papel: “Bem vinda, netinha, a esse mundo que já está um pouco melhor com você por aqui”.

Eu tinha uns vinte anos quando tivemos esse encontro. Segurava minha mão, falava baixinho e tranqüilo, ali na Biblioteca Monteiro Lobato. Ficamos horas mexendo nos livros e lendo. Embora tivesse sido político a vida inteira nunca tivera dinheiro para me comprar os tantos livros que desejara me dar. Foi um personagem da história desse país. Lutou ao lado do Joaquim Câmara Ferreira, o velho. Uma vez, deixei escapar isso na aula de História e o professor me procurou para pedir detalhes da vida do meu avô. Não sei muita coisa, nossos encontros eram clandestinos. E muito cedo escolhi fazer minha vida no campo, na terra, na mata.

A minha avó eu não a conheci. Ela escreveu uma história para mim antes de morrer. “Nunca te vi mas sempre te amei”, o título de filme inglês, resume tudo que ela colocou no conto. Em vez de falar sozinha, como os velhinhos, escrevia como seria a vida dela se pudesse me ver. Sonhava com as histórias que me contaria, com as músicas que cantaríamos e com as fotografias que ela teria tirado. Muito triste para quem ler. Para mim vale muito. É bom saber que alguém gostou tanto da gente mesmo sem conhecer.

Meu irmão, o companheiro herói do povo da terra, antes de se acomodar entre as estrelas, foi nosso sol. Para falar dele seriam preciso muitas noites como esta, milhões de estrelas e o ruído do silêncio da natureza. Um belo exemplar da biodiversidade... filho do primeiro amor brasileiro de meu pai, uma professora de história..., ele foi a paixão do meu avô. Era vinte anos mais velho que eu. Devolveu ao mundo, ao povo, o carinho imenso que recebeu por nascer. Foi meu “muso” inspirador, minha noite de luar, minha canção preferida...Nunca fez discurso ou ditou regras... Era de uma calma irritante... adorava o mar. Poderia ter sido marinheiro, velejador, pescador. Foi comandante. O nosso comandante nas terras da Amazônia entre águas e florestas. Sua sabedoria pouco a pouco invadiu os igarapés mais emaranhados. Na última vez que o vi, repetiu uma frase do personagem de Pedro Páramo: “Vá até Comala e dele cobre caro a solidão em que nos deixou”.

E aqui estamos nós, minha gente. E eu, sem nunca esquecê-los, sabendo de quem cobrar, buscando...como ...

Á la lumière des étoiles

J’ai reçu ce texte d’une amie, Celeste Marcondes. Je l’ai trouvé si émouvant que je l’ai traduit en français.

****

Á la lumière des étoiles
Celeste Marcondes

Là-haut, parmi les étoiles, ils sont heureux de nous regarder ici-bas, satisfaits du travail accompli. Au prix d’une intense peine ? Me coucher et rêver d’eux, de mes grands-parents, de mon frère, d’un de nos compagnons qui nous a quitté si tôt, disparu dans la lutte pour la survie de la forêt… C’était la passion de mon grand-père.

La vie vient, tourne et s’en va. Un souvenir calme, doux. Cela émerge du fond de l’âme, pas de la raison. Impossible de l’expliquer. Comment évoquer ces temps-là ? J'arriverai peut-être à parler du rien qu’il est encore possible de raconter. Naissance et mort…

Le jour de ma naissance, ma grand-mère survolait dans un avion la forêt amazonienne, en pleine tempête. Son but était l’Amapá. Paniquée, elle suppliait les dieux de ne pas mourir avant de me voir. Ils ne voulurent pas exaucer ses prières.

On m’avait déjà choisi le nom d’Isa. Mon père insista cependant pour que ce fût Tatiana, un nom si russe… Peut-être aussi parce que Tatiana sonne fort comme le vent de la steppe, pareil à la forte attraction qu’exerce sur les démunis les semailles de la terre. Ou – qui sait ? – ce nom vient-il de ses lectures. Pendant son enfance, en exile, il avait lu les « Contes Russes », des livres pour enfants pareils à ceux que l’URSS distribuait en espagnol au Chili, à l’époque d’Allende.

Je tiens cela de mon grand-père.

Je suis née un jour triste… presque Taureau, comme mon grand-père et ma grand-mère. Plusieurs années plus tard, il m’a dit : « Ce jour-là, les nouvelles parlaient de villes rougies par la couleur des drapeaux portés par des mains d’hommes courageux et combattifs comme ta grand-mère et ses compagnons. Des rassemblements œcuméniques et des défilés réclamaient justice pour la mort, deux ans auparavant, des paysans sans terres à Eldorado de Carajás, au Pará. » À voix basse, comme s’il remuait le passé, il continua à me relater comment il songeait à moi pendant qu’il forgeait l’histoire de mon pays : « J’ai marché avec eux toute la journée et je suis arrivé à la maison à l’aube, heureux, à demi victorieux, avec si peu. Il y a des moments où la mort et la vie dans la lutte pour la terre de Dieu se confondent… Lorsqu’on m’a annoncé que tu étais déjà parmi nous, j’ai pleuré et écrit sur un morceau de papier : ‘sois bienvenue, ma petite-fille, dans ce monde devenu un peu meilleur depuis que tu es par ici.’»

J’avais environ vingt ans quand cette scène arriva dans la Bibliothèque Monteiro Lobato. Il tenait ma main, parlait à voix basse, tranquillement. Pendant plusieurs heures, nous feuilletâmes des livres et lûmes. Bien qu’il eut été toute sa vie un homme politique, il n’avait jamais eu assez d’argent pour m’offrir tous les livres qu’il aurait souhaité. Il combattit aux côtés de Joaquim Câmara Ferreira, le Vieux.

Un jour, je fis mention de ce fait pendant le cours d’histoire et le professeur vint me demander des détails sur la vie de mon grand-père. Je ne savais pas grand-chose, nos rencontres étaient clandestines. Et j’allais bientôt choisir de faire ma vie à la campagne, au fin fond du monde, loin de tout.

Je n’ai jamais connu ma grand-mère. Peu avant de mourir, elle m’avait écrit une petite histoire : « Je ne t’ai jamais vue, mais je t’ai toujours aimée ». Ce titre d’un film anglais résumait tout son conte. Au lieu de s’isoler comme font les vieux, elle préférait imaginer et écrire la vie qu’elle aurait eue si elle avait pu me voir. Elle rêvait aux histoires qu’elle me raconterait, aux chansons que nous entonnerions et aux photos qu’elle aurait faites. Ceci est triste pour celui qui lit. Mais pour moi cela vaut beaucoup. Il est toujours bon d’apprendre que vous avez été tant aimé par quelqu’un qui ne vous connaît pas.

Mon frère, l’héroïque compagnon des travailleurs de la terre, fut notre soleil avant d’aller habiter parmi les étoiles. Pour l’évoquer, il faudrait plusieurs nuits comme celle-ci, des millions d’étoiles et le bruit de la nature. Fils du premier amour brésilien de mon père, une professeur d’histoire, il était un beau spécimen de la biodiversité : de vingt ans plus âgé que moi, c’était le préféré de mon grand-père. Il a rendu au peuple et au monde l’immense tendresse qu’il reçut à sa naissance. Il fut ma muse inspiratrice, ma nuit de pleine lune, ma chanson préférée… Il n’a jamais fait de discours ni dicté de règles… Il était d’un calme agaçant… Il aimait la mer. Il aurait pu être marin, skippeur ou pêcheur. Il fut commandant. Notre commandant sur les terres d’Amazonie, entre eaux et forêts. Peu à peu, son savoir atteignit les igarapés les plus sinueux. Lors de notre dernière rencontre, il a répété une phrase de Pedro Páramo : « Allez jusqu’à Comala et faites lui payer cher la solitude qu’il nous a léguée. »

Aujourd’hui ici, nous sommes ici, mes amis, sans que je parvienne à les oublier. Je sais à qui demander des comptes… sans savoir comment…

jeudi 20 septembre 2007

L'Amazonie asphyxiée par le soja / A Amazônia asfixiada pela soja

L’Amazonie asphyxiée par le soja
Hubert Prolongeau avec Béatrice Marie (Le Monde, édition du 19.09.07)


Le petit avion a pris son envol. La forêt s'étend à perte de vue, tête immense dont la chevelure tutoie le ciel. L'Amazonie. Le poumon de la planète. La forteresse verte. D'un coup, la déchirure. La forêt s'ouvre. Blessée. Rasée. Le poumon tousse. La forteresse se fissure. Le paysage est soudain désolé. Des troncs abattus jonchent le sol, les plus résistants n'exhibant plus qu'un moignon noir de fumée. La terre laisse apparaître sa dernière couche, griffée à mort par les sillons des cultures. Parfois émerge encore de la marée des champs, solitaire et incongru, le tronc d'un châtaignier. Un survivant.

L'Etat du Para sera-t-il bientôt aussi dépouillé que son voisin, le Mato Grosso ? Depuis janvier 2003, date d'arrivée de Lula au pouvoir, 70 000 km2 ont été sacrifiés au soja, l'un des plus féroces ennemis de la forêt brésilienne. Au début des années 1980, il poussait essentiellement aux Etats-Unis, qui assuraient 90 % de sa diffusion. En 2003, les exportations combinées du Brésil et de l'Argentine sont passées devant. L'immense pays de Lula est devenu la patrie du nouvel or vert.

Trois grosses sociétés américaines ont vu venir la manne : ADM, Bunge et Cargill. Cargill a même installé à Santarem, troisième ville amazonienne, un port. Complètement illégal. Tous les mois, deux cargos en partent en direction de l'Europe, emportant chacun 90 000 tonnes. "Le soja dévore l'Amazonie. Je ne reconnais plus ma ville", dit Cayetano Scannavino, membre de l'ONG Santé et bonheur.

Dans les rues de Santarem, on voit de plus en plus de gros 4×4, conduits par des gauchos venus du sud du pays. Depuis qu'un rapport de Greenpeace, "Eating up the Amazon", a mis le feu aux poudres, des autocollants ornent beaucoup de voitures "Greenpeace dehors. L'Amazone est aux Brésiliens". La tension est palpable. A la Cooper Amazon, société qui distribue des fertilisants, Luis Assuncao, le directeur, ne cache pas sa haine : "Ici, maintenant, c'est la guerre. Une guerre froide."

Au Mato Grosso, le gouverneur de l'Etat, Blairo Maggi, propriétaire de l'usine Amaggi, est l'un des plus gros producteurs de soja au monde. Il a construit une ville entière, Sapezal, pour loger sa main-d'oeuvre, fait bâtir à Itacoatoara un port en eau profonde, et proposé pour faciliter le transport de bitumer à ses frais 1 770 km de la route BR163. Quand on lui parle déforestation, Blairo Maggi ironise sur la taille de l'Amazonie et affirme que la culture du soja est "bénéfique". Du moins le faisait-il quand il acceptait encore de parler aux journalistes, tous suspects désormais d'être des "sous-marins" de Greenpeace.

Retour au Para. Comme tous les dimanches, il y a fête à la fazenda Bela Terra près de Santarem. Le cuisinier fait griller de gigantesques brochettes. La bière coule à flots. Les hommes sont à peine endimanchés, les femmes s'assoient à table en égales. C'est un joyeux brouhaha, une réunion de clan. L'entrée est fermée par une grille blanche, un panneau signale la présence de deux chiens méchants.

Entre eux, les producteurs de soja, les sojeiros rigolent, parlent affaires, se serrent les coudes. Devant l'étranger, la méfiance est de mise. Otalhio, 33 ans, fournit des fertilisants et des engrais. Le visage bouffi, il engouffre d'épaisses tranches de viande. Sa mère est brésilienne, son père uruguayen, et ils vivent encore près de la frontière, 5 000 km plus haut. "C'est dur, je ne les vois plus." Il écrase une larme. Puis se fâche. "On nous appelle les gauchos, les bandits, les voleurs..." D'une main conquérante, il montre le sol. "Les gens ici ne font rien de leur terre. Ils restent parce qu'ils ne peuvent pas faire autrement. Ils veulent avoir la télé et aller en ville. Nous, on leur propose une autre manière de vivre."

Tonio Antares, propriétaire de quelques milliers d'hectares, revendique lui aussi ce droit à massacrer son pays. Petit, les yeux vifs, la peau rougie par un soleil qu'il n'apprivoisera sans doute jamais, il reste convaincu d'apporter avec lui prospérité et civilisation. "Le pays appartient aux Brésiliens. Nous venons aider cette région à se développer."

Mais à qui profite ce développement ? Marcello da Silva a acheté deux pelleteuses et les loue aux exploitants contre un pourcentage de la récolte. De décembre à avril, il est dans le Mato Grosso, de mai à août dans le Para. Le reste du temps, il conduit des convois. Grand, costaud, les yeux bleus, il évoque plus le cow-boy Marlboro que l'Indien de la forêt. Un peu rustre, peut-être, prompt à aligner les bières. Mais confiant en son étoile. Le soja le rendra riche, il en est sûr. Sa femme, Patricia, veut acheter du terrain. Beaucoup de terrain. "Les Américains vont commencer à planter de la canne à sucre. Là, on va gagner beaucoup." Ils vivent à Santarem, aimeraient avoir des enfants. L'avenir leur sourit.

Mais rares sont ceux qui tirent leur épingle du jeu. Le coût social payé à la petite plante est très lourd. L'Amazonie s'est peuplée par à-coups, sur des promesses non tenues qui, de boom du caoutchouc en construction de la Transamazonienne, ont fait venir les miséreux du Nordeste et du Minas Gerais. Ils ont pris des terres, les ont ensemencées, n'en ont jamais eu les titres de propriété. Depuis ils végètent, prisonniers de ce qu'on appelle pudiquement l'"agriculture familiale". Une proie idéale pour les sojeiros, surnommés à Santarem les "sujeiros" ("salisseurs").

Tout au long de la BR163, la même histoire s'est répétée. Des hommes sont venus, ont demandé à ces petits exploitants de partir en leur montrant des titres de propriété. D'où les tenaient-ils ? Souvent de l'Incra (Instituto Nacional de Colonizaçao e Reforma Agraria), où la corruption permet l'achat de faux certificats, mis à vieillir dans un tiroir avec des grillons. "Ces gens n'avaient aucune culture de l'argent, explique le Padre Edilberto Sena, infatigable militant écologiste. Ils ont vendu à bas prix, et tout claqué. Ils se sont retrouvés démunis, et sans outil de travail."

Au kilomètre 38, Marlène Nascimento de Lima pleure ses terres perdues. "J'ai du mal à repasser devant chez nous. Il n'y a plus que des champs. Quarante familles vivaient là..." Elle avait commencé par refuser de vendre. Mais les sojeiros ont acheté les terrains limitrophes au sien. La vermine, chassée par les pesticides, a envahi son champ. Ses voisins sont partis, elle a fini par céder...

La violence a eu sa part dans ces conquêtes. A Pacoval, en 2004, à deux heures de piste de Santarem, vingt-cinq maisons ont brûlé. A Corte Corda, deux syndicalistes ont été tués. A Belterra, ancienne capitale du caoutchouc, on a "forcé" beaucoup de gens à partir... A Santarem, Ivete Bastos, présidente du syndicat des travailleurs de la terre, a un jour trouvé des femmes avec de l'essence devant chez elle, prêtes à mettre le feu à la maison... Un ancien légionnaire espagnol, propriétaire d'une salle de musculation à Santarem, se vante d'exécuter des missions de nettoyage pour les "fazendeiros". Dans la périphérie se multiplient les bidonvilles de bois construits sur des terrains abandonnés.

Régulièrement, la police brésilienne fait une descente dans les grandes propriétés et en délivre des esclaves. On les a fait venir en leur promettant des salaires élevés. A leur arrivée dans la forêt, ils découvrent que leur paye a fondu. Des gardes leur interdisent de repartir. Les biens de première consommation leur sont fournis par le propriétaire. Ils s'endettent, et ne pourront jamais rembourser. "Ils étaient dans un état redoutable quand nous sommes arrivés", raconte un policier intervenu sur la ferme Vale do Rio Verde en 2005. Il n'y avait pas de sanitaires. Les ouvriers travaillaient pieds nus. Huit mille sept cents de ces esclaves ont été repérés dans les Etats producteurs de soja. En 2004, l'armée est intervenue dans 236 fermes utilisant 6 075 travailleurs, dont 127 enfants. Bunge, Cargill et Amaggi étaient en affaires avec elles.

Pour mieux aider à l'expansion du soja, des entreprises comme la Cooper Amazon proposent des pesticides et des semences génétiquement modifiées. "La chaîne est en place : d'un côté, Monsanto, de l'autre, Cargill", accuse Edilberto Sena. Les pesticides ont déjà provoqué des ravages écologiques, le vent portant ceux que déversent les avions jusque dans les rivières. En 2005, une sécheresse terrible a frappé la région. Les poissons mouraient dans des flaques trop petites. Aujourd'hui, 20 % de la forêt brésilienne est morte. Même si un moratoire mis en place en 2006 a donné des résultats positifs (41 % de baisse de la déforestation en 2006-2007), 40 % de l'Amazonie pourraient avoir disparu d'ici vingt ans.

Le pire, ce pire qu'espèrent Marcello et Patricia, est peut-être encore à venir : l'explosion des biocarburants. Vingt millions d'automobilistes brésiliens utilisent déjà l'éthanol. Les voitures "flex-fuel", qui laissent le choix entre éthanol et essence, ont représenté près de 80 % des ventes de voitures en 2005. Six cents stations-service commercialisent déjà un "biodiesel", dans lequel on retrouve du soja. Où vont s'installer les plantations ? "Le Brésil sera l'Arabie saoudite du XXIe siècle", prophétisent certains. Jusqu'au désert ?

Le temps que vous lisiez cet article, une superficie correspondant à 75 terrains de football a été déforestée.

Voici l'adresse de l'article:

L'Amazonie asphyxiée par le soja
LE MONDE | 18.09.07

© Le Monde.fr


************************************************

A Amazônia asfixiada pela soja
Hubert Prolongeau e Béatrice Marie

Artigo publicado no Le Monde, “L’Amazonie asphyxiée par le soja” (19/09/2007).


O teco-teco decola. A floresta espalha-se a perder de vista, e a sua cabeça imensa envia a cabeleira rumo ao céu. A Amazônia. Pulmão do planeta. Floresta verde. De repente, uma clareira. A floresta trinca. Ferida. Arrasada. O pulmão tosse. A floresta se racha. Daí para frente, a paisagem é só desolação: troncos derrubados se amontoam no chão, as árvores mais resistentes expõem apenas um resto de cepo negro esfumaçado. A terra exibe na camada superior o arranhão mortal dos sulcos das plantações. Às vezes, um tronco de castanheira emerge deste mar de campos, solitário, incongruente. Um sobrevivente.

Será que o Pará vai ficar tão despojado quanto o seu vizinho Mato Grosso? Desde janeiro de 2003, quando Lula chegou ao poder, 70 000 km2 da floresta brasileira foram imolados para um dos seus mais ferozes inimigos, a soja. No inicio de 1980, era cultivada essencialmente nos Estados Unidos, que garantiam 90% da sua comercialização. Em 2003, as exportações reunidas do Brasil e da Argentina tomaram à dianteira. O imenso país do Lula tornou-se a pátria do novo ouro verde.

Três grandes firmas americanas pressentiram esse maná: ADM, Bunge e Cargill. Cargill construiu inclusive um porto em Santarém, terceira cidade amazonense. Completamente ilegal. Todos os meses, dois navios zarpam para a Europa levando, cada um, 90 000 toneladas. “A soja está devorando a Amazônia. Já não conheço mais minha cidade”, afirma Caetano Scanavino, membro da ONG Santé et Bonheur (“Saúde e Felicidade”).

Nas ruas de Santarém passam, por todos os cantos, enormes caminhões 4x4 dirigidos por gaúchos, vindos do sul do país. Depois de uma denúncia do Greenpeace, “Eating up the Amazon”, desencadeou-se uma onda de indignação, muitos carros colaram adesivos “Fora Greenpeace. A Amazônia é brasileira”. A tensão é palpável. Luis de Assunção, diretor da Cooper Amazon, empresa de adubos, não dissimula a sua ira: “Aqui, agora, é a guerra. A guerra fria”.

O governador do Mato Grosso, Blairo Maggi, dono da fábrica Maggi, é um dos maiores produtores de soja do mundo. Ergueu uma cidade inteira, Sapezal, somente para seus trabalhadores, construiu um porto em Itacoatiara para navios de grande calado, e, propõem-se a asfaltar às suas custas 770 km da BR163. Quando alguém pronuncia a palavra desflorestamento, Blairo Maggi ironiza e fala do tamanho da Amazônia afirmando que a cultura da soja é “benéfica”. Pelo menos era o que dizia quando ainda aceitava falar com jornalistas. Agora, todos estão suspeitos de serem “submarinos” do Greenpeace.

Retorno ao Pará. Como todos os domingos, há festa na fazenda Bela Terra, perto de Santarém. O cozinheiro assa espetos gigantescos. A cerveja jorra. Homens e mulheres, vestidos à vontade, sentados na mesa lado a lado. É um alvoroço festivo, uma reunião de clã. Um portão branco fecha a entrada, um cartaz indica a presença de dois cachorros bravos.

No meio da festa, os homens da soja dão gargalhadas, discutem negócios, demonstram solidariedade diante dos estrangeiros, a desconfiança é regra. Otalhio, 33 anos, é fornecedor de fertilizantes e adubos. Suas bochechas inchadas engolem enormes pedaços de carne. A mãe é brasileira, o pai uruguaio, e os dois vivem perto da fronteira, 5 000 km além. “É difícil para mim. Já não os vejo mais.” Ele enxuga uma lágrima e se enfeza: “Aqui nos tratam de gaúchos, bandidos e ladrões...” Com um gesto da mão decidido, ele mostra o chão: “O povo daqui não aproveita a terra. Eles só não se vão porque não podem. O que eles querem é ter televisão e ir para a cidade. Nós propomos a eles outra forma de vida.”

Tonio Antares, proprietário de alguns milhares de hectares, também reivindica o direito de massacrar o país. Baixo, de olhos vivos, de pele avermelhada por um Sol ao qual jamais se acostumará, está convencido de que traz consigo prosperidade e civilização. “O país pertence aos brasileiros. Vamos ajudar esta região a se desenvolver.”

Entretanto, quem aproveita desse desenvolvimento? Marcelo da Silva tem duas escavadeiras que aluga aos cultivadores em troca de uma porcentagem da colheita. De dezembro a abril, vive no Mato Grosso, de maio a agosto no Pará. O resto do tempo transporta a safra. Alto, corpulento e de olhos azuis, parece mais o cowboy do Molboro do que índio. Descortês, talvez, rápido ao beber cerveja, confia no seu signo. É claro que ele vai virar rico com a soja. A sua mulher, Patrícia, quer comprar terra. Muita terra. “Quando os americanos começarem a plantar cana de açúcar, nós vamos ganhar muito dinheiro.” Eles moram em Santarém e gostariam de ter filhos. O futuro deles é promissor.

Entretanto, poucos são os bem-sucedidos. O preço social pago para esta pequena planta é muito pesado. A Amazônia, desde a época da borracha até a construção da Transamazônica, foi povoada por sacadas, atraindo retirantes do Nordeste e de Minas Gerais, iludidos por promessas não cumpridas. Eles ocuparam terras, semearam, sem jamais obterem os títulos de propriedade. Desde então vegetam, prisioneiros do que se chama pudicamente “agricultura familiar”, e representam uma presa ideal para os sojeiros, cognominados “sujeiros” em Santarém.

Às margens da BR163 repete-se sempre a mesma história. Um dia chegam homens que pedem a esses pequenos cultivadores para irem embora, mostrando títulos de propriedade. De onde vêm esses documentos? Muitas vezes do INCRA (Instituo de Colonização e Reforma Agrária), onde vinga a corrupção que permite a compra de falsos certificados, que foram engavetados durante muito tempo. “Essa gente não tinha nenhuma noção de dinheiro”, explica o padre Edilberto Sena, incansável militante ecologista. “Eles venderam barato, e gastaram tudo. Agora estão desprovidos, e sem meios de subsistência.”

No quilômetro 38, Marlene Nascimento de Lima lamenta as terras perdidas. “Sofro muito quando passo diante da nossa casa. Só há campo onde quarenta famílias moravam antigamente...” No início, ele recusara vender. Mas os homens da soja compraram os terrenos em volta. Os insetos nocivos invadiram os campos ao redor, fugindo dos pesticidas. Quando os vizinhos se foram, ela acabou vendendo...

Também houve violência. Em Pacoval, em 2004, a duas horas de Santarém, vinte cinco casas foram queimadas. Em Corte Corda, mataram dois sindicalistas. Em Belterra, antiga capital da borracha, muita gente foi “obrigada” a ir embora... Em Santarém, Ivete bastos, presidente do sindicato dos trabalhadores da terra, surpreendeu um dia umas mulheres com gasolina diante da casa dela, prestes a pôr fogo... Um ex-legionário espanhol, proprietário de uma sala de ginástica de Santarém, gaba-se de executar missões de limpeza encomendadas pelos “fazendeiros”. Na periferia multiplicam-se as favelas de madeira em terrenos baldios...

Regularmente, a policia brasileira dá batidas nas grandes propriedades para libertar escravos. Estes são atraídos por promessas de bom pagamento. Mas quando chegam à floresta, o salário mingua. Os capangas fecham as saídas e os bens de primeira necessidade são vendidos pelos fazendeiros. Os coitados se endividam, sem jamais conseguirem pagar. “Estavam num estado miserável quando chegamos”, diz um policial que interveio na fazenda Vale do Rio Verde, em 2005. Não havia privadas. Os bóias-frias trabalhavam descalços. Oito mil e setecentos escravos como esses foram encontrados nos estados produtores de soja. Em 2004, o exército entrou em 236 fazendas que empregavam 6075 trabalhadores, dentre os quais 127 crianças. Bunge, Cargill e Amaggi eram clientes deles.

Para expandir a cultura da soja, empresas como a Cooper Amazon vendem pesticidas e sementes geneticamente modificadas. “A corrente é essa: numa ponta, Monsanto, na outra, Cargill”, acusa Edilberto Sena. Os pesticidas já provocaram desastres ecológicos, pois, os ventos levam para os rios o que os aviões espalham no ar. Em 2005, uma seca terrível assolou a região. Os peixes morriam em pequenas poças. Hoje, 20% da floresta brasileira já sumiu. A despeito do resultado positivo da lei de 2006 (que permitiu uma diminuição de 41% do desflorestamento), 40% da Amazônia poderá ter desaparecido nos próximos vinte anos.

O pior – esse pior que tanto esperam Marcelo e Patrícia – talvez seja o que está por vir: a explosão dos biocarburantes. Vinte milhões de automobilistas brasileiros já usam o álcool. Os carros “flex-fuel”, que permitem a escolha entre o álcool e a gasolina, já representavam quase 80% das vendas, em 2005. Hoje, seiscentos postos comercializam um “biodiesel”, feito a base de soja. Onde vão ser plantadas? “O Brasil será a Arábia saudita do século XXI”, profetizam alguns. Inclusive no deserto?

Enquanto você lia este artigo, uma área igual a 75 campos de futebol foi desflorestada.

vendredi 14 septembre 2007

Phrase du jour / frase do dia

Pas de guerre entre peuples; pas de paix entre classes.

Nenhuma guerra entre povos; nenhuma paz entre classes.

vendredi 7 septembre 2007

Une phrase de Balzac / Uma frase de Balzac

Phrase inspirée de Balzac:

"Viellir ne nous empêchera certainement pas de rire; mais cesser de rire, nous vieillira certainement."

Frase inspirada em Balzac:

"O fato de se envelhecer não impede de rir; mas se se deixar de rir, envelhece-se de fato."