Article paru dans Les Cahiers Rationalistes, N° 592, janvier-février 2008
Arkan Simaan est professeur agrégé de physique, mais c’est aussi un remarquable historien des idées et des sciences comme en témoignent ses ouvrages précédents tels, parmi bien d’autres, L’Image du monde des Babyloniens à Newton et L’Image du monde de Newton à Einstein, deux fresques qui retracent l’évolution des idées sur l’organisation du monde, deux ouvrages d’une écriture alerte et accessibles à tous, bien que sans concession. D’une parfaite clarté, ils témoignent d’une très grande érudition. Mais cette fois l’auteur se lance avec le même succès dans le roman historique ; d’une manière très vivante, il décrit l’histoire de la prise de Ceuta, menée dans le plus secret par les Portugais en 1415, le pillage de la ville, les nombreuses tentatives infructueuses des Maures pour la reprendre puis la découverte en 1419 des îles de la mer Océane, mer Ténébreuse à la terrible réputation, parce qu’on l’imaginait peuplée de monstres effrayants et menant à l’Enfer. Il découvre Madère cette même année, et passe le cap Bojador en 1434, le plus grand exploit maritime de l’époque, tant cette région, effrayait les marins les plus aguerris, puis la tentative désastreuse de la prise de Tanger, cité alors musulmane comme Ceuta. Histoire romancée, certes, excellent roman d’aventure mais non de fiction.
L’auteur se fonde sur des chroniques médiévales. Arkan Simaan a pu les déchiffrer car, né au Liban il émigra, à l’âge de deux ans, avec sa famille, au Brésil où il fit ses études. Sa maîtrise du portugais lui a permis de lire les chroniques de l’époque décrite, écrites en langue archaïque. Les faits qu’il nous conte sont donc tout à fait réels.
L’expédition fut menée, en grand secret, par l’infant Henri le Navigateur responsable de l’armée à Porto et son écuyer Raul Pimentel, à la recherche du Paradis Terrestre et aussi du Prêtre Jean, personnage légendaire, roi chrétien d’un royaume noir où abonderaient l’or et les pierres précieuses.
C’est à Ceuta que le prince entendit parler du fabuleux trésor de l’empereur du Mali « le plus riche des gouvernants de la région en raison de la grande quantité d’or qu’on trouverait en ses terres ». Il décida de prendre contact avec lui, choisissant la mer pour éviter de traverser le territoire des Maures, la mer Océane à la terrible réputation. Pour réaliser son projet, il fonda l’Ecole de Sagres et y fit venir le cartographe juif majorquin, Jafuda Cresques. Ainsi débutèrent les grands périples maritimes du XVe siècle. L’écuyer du prince, Raul Pimentel partit à l’aventure sur la « Mer ténébreuse ». Il franchit le cap Bojador en 1434, le plus grand exploit maritime de l’époque, à la quête du légendaire Prêtre Jean. Il navigua en longeant la côte africaine à la recherche, d’or et d’esclaves. Sous prétexte de convertir ces peuples jusque-là inconnus, ces fanatiques religieux les pourchassèrent et les capturèrent au cours de razzia pour les ramener triomphalement comme esclaves.
Une profusion d’aventures provoquées par le fanatisme religieux, la recherche de la gloire dans la guerre, la vaillance au combat étant le test de la valeur d’individus sachant à peine lire et aussi, surtout peut-être, la cupidité, la poursuite d’ennemis à dépouiller, le désir de s’enrichir par le pillage et la traite des esclaves. C’est l’occasion pour l’auteur, à maintes reprises, de lancer des traits acérés contre les religions prosélytes, de montrer leurs méfaits : « Quand une religion veut imposer sa croyance, par la force ou par le verbe, c’est moins pour permettre à d’autres individus de sauver leur âme que pour modeler une société à la convenance des puissants ».
Pierre Attali
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L’Écuyer d’Henri le Navigateur
mercredi 30 janvier 2008
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